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Mgr Piat : « Kleopas, une marche dans la confiance »

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IMG_1177 2Ce dimanche, le Projet catéchétique diocésain « Kleopas » est lancé. L’occasion pour notre évêque, Mgr Maurice E. Piat, de revenir, dans une interview, sur la genèse et les orientations de ce projet. Ci-dessous donc, le premier volet de cette rencontre signée La Vie Catholique et CAPAV.

Il y a eu pendant trois ans consultation et discernement. Ce dimanche, vous allez nous proposer le fruit
de ce travail sous forme d’un Projet catéchétique diocésain : « Kleopas. » Comment abordez-vous cette étape ?

Je l’aborde avec joie et confiance. Parce que Kleopas est un projet qui a germé dans l’Église, dans le cœur et l’esprit de beaucoup de mes collaborateurs, de beaucoup de personnes. Aujourd’hui, il « sort de terre », si je puis dire. Mais Kleopas est un projet de très longue haleine. Au moment où je le promulgue, j’ouvre en fait un long chemin sur lequel moi-même, mes collaborateurs, mais aussi d’autres personnes, seront appelés à s’engager dans les années qui viennent. C’est définitivement une marche qui commence dans la confiance.

Revenons sur le passé, Monseigneur. Pourriez-vous nous dire ce qui vous a permis de garder le cap, de vous sentir motivé et déterminé, tout au long des différentes étapes, pendant ces trois années, en dépit des inévitables difficultés qui ont dû jalonner le parcours ?

Kleopas concerne ce qui fait le cœur de la mission de l’Église : l’annonce de Jésus-Christ comme Sauveur, comme Bonne Nouvelle, dans le monde contemporain, et aussi la transmission de la foi de génération en génération. Quand on se concentre dessus et qu’on cherche à le faire de la meilleure façon possible, ça interpelle toutes les composantes de l’Église : la pastorale des jeunes, celle des familles, la formation, aux écoles et aussi à l’administration diocésaine, à la communication, aux finances… J’ai fait l’expérience que, se concentrer sur l’annonce de Jésus-Christ et la transmission de la foi, c’est vraiment toucher le cœur de la mission de l’Église. Et c’est celaqui m’a motivé à tenir le cap.

Quelle lecture faites-vous de la démarche de consultation et de discernement en Église ?

La première étape – la consultation – a été l’occasion pour les chrétiens de s’exprimer librement et largement. Ils ont dit des choses importantes qui ont été recueillies dans des « cahiers ». Le démarrage dans la libre expression a été un moment heureux.

La deuxième année a été un peu plus difficile. La nature du travail dans cette seconde étape était différente ; le discernement était délicat.
Tout le monde ne pouvait pas y participer. Cette étape a été portée par des équipes plus restreintes pour un travail davantage en profondeur. Pour discerner, il fallait à la fois tenir compte de ce que les gens avaient dit dans les groupes d’écoute, et recueilli dans les cahiers ; il fallait aussi tenir compte des directives de l’Église pour la catéchèse, l’initiation à la foi, les écoles catholiques, la pastorale familiale, la formation… Il a donc fallu prendre un temps d’approfondissement pour pouvoir arriver à des choses simples, mais fondamentales.

Je suis heureux du résultat, même si cette deuxième étape n’a pas eu le même panache ou la même « popularité » que la première année. C’était un peu inévitable. Maintenant, nous allons partager le fruit de ce discernement qui, j’espère, donnera un nouveau souffle à notre Église.

Échanger, discerner ensemble, ont dû bousculer les habitudes… Vous a-t-il été facile d’aller dans un sens ou dans l’autre ?

Je reconnais que j’ai pris du temps avant de comprendre, de voir, où était la ligne essentielle. Il fallait toujours que l’on s’appuie sur elle pour ne pas se braquer sur les moyens qu’on allait prendre, à droite et à gauche, en vue de mettre le projet en pratique… Il fallait garder en tête la visée du projet : retrouver un souffle missionnaire dans l’Église.

L’Église a des paroisses, des mouvements, des services, des communautés. Mais pour être en bonne santé, toutes ces structures doivent être missionnaires. Nous avons encore beaucoup de créativité à déployer pour retrouver un souffle missionnaire qui anime l’Église dans toutes ses composantes.

La deuxième chose qui est essentielle et qui devra se mettre en place petit à petit, c’est l’initiation. Il ne suffit pas d’annoncer l’Évangile et, ensuite,
laisser les gens repartir chez eux. Il faut des groupes, des personnes, des communautés qui accueillent les personnes qui entendent l’Évangile et les accompagnent sur leur chemin de foi. Cela est quelque chose de très important et de relativement nouveau dans notre perception des choses.

C’est la deuxième fois Monseigneur que vous lancez l’Église dans un processus d’écoute et de discernement ; la première étant le Synode diocésain. Voyez-vous des différences, aussi bien que des convergences, entre les deux démarches ?

L’agenda du Synode a été très ouvert. Les gens se sont exprimés sur ce qu’ils voulaient et puis nous avons tout canalisé sous cinq orientations.
Pour Kleopas, nous avons seulement pris la première orientation du Synode – « Donner priorité à l’annonce de Jésus-Christ ressuscité, unique sauveur, vivant au cœur du monde » – et nous l’avons développée. Jamais je n’aurais cru qu’on pouvait, en la creusant, aller aussi loin. Je ne dis pas que nous n’avons rien fait pendant ces dix/douze années écoulées depuis le Synode. Mais en même temps, je reconnais que nous n’avons pas pris cette première orientation du Synode à bras le corps.Dans ce travail de discernement Kleopas, nous avons été très soutenus et encouragés par toutes les initiatives qui ont été prises dans le diocèse pendant ces 10-12 dernières années. Des initiatives missionnaires qui annonçaient Jésus-Christ aux hommes, aux femmes, aux jeunes.

Vous dites « nous étions très soutenus »… Le Projet catéchétique diocésain Kleopas n’est donc pas votre « bébé » ?

Non, non, non. Ce n’est pas le projet de Mgr Piat. Loin de là. Ce projet nous vient de notre Synode. Il a été encouragé et confirmé par les orientations de l’Église universelle et porté par beaucoup de chrétiens à la base et par des proches collaborateurs.

Quid des confrères, des collaborateurs les plus proches ; que leur dites-vous pour les rassurer et les mettre dans la mouvance « Kleopas » ?

On réfléchit ensemble. On s’écoute beaucoup. Il y a l’échange, la correction fraternelle. Et peu à peu, on est arrivé à s’entendre sur les lignes de fond.
Pas seulement avec les proches collaborateurs qui sont responsables de l’un ou l’autre dossier, mais aussi avec les groupes de discernement –
composés de laïcs, prêtres, religieux et religieuses – et aussi avec les prêtres.

L’attitude fondamentale pour se mettre en route sur le chemin Kleopas est de faire confiance. Pas à moi, ni à Père Y ou X ou à M ou Mme X…
Il s’agit surtout de faire confiance au Seigneur qui appelle notre Église à un nouveau souffle missionnaire, et ce, pas seulement à Maurice. Cet appel à un renouveau missionnaire est très clair dans les textes des papes saint Jean-Paul II, Benoît XVI et François. Il va nous demander une créativité de la part de l’autorité diocésaine, mais aussi des  prêtres, des laïcs, des religieux, religieuses… Vous savez, quand quelqu’un nous invite à faire un chemin avec lui, on ne voit pas tout de suite où le chemin nous mène. C’est un peu ça, Kleopas. La grande exigence, c’est la foi.

Le Projet catéchétique, est-ce une recette bien ficelée, une série de structures à mettre en place et de décisions qu’il faudra « suivre et appliquer » ?

Il y a une direction très claire qui est donnée par l’Église universelle et qui consiste à revoir notre manière d’annoncer l’Évangile et de transmettre la foi dans le monde d’aujourd’hui. Mais pour être créateur, créatrice, il faut entrer profondément dans les lignes directrices et qu’on se les approprie.

Vous avez eu maintes fois cette expression « nouveau souffle »…

Le nouveau souffle dont je parle n’est pas simplement celui qui viendra, mais celui qui est déjà là. Il se manifeste par les initiatives de beaucoup de personnes et de groupes au sein de notre Église. C’est le souffle qui traverse l’Église quand les personnes « sortent de leur enclos » et se préoccupent de ceux et celles qui sont à la périphérie.

Ce nouveau souffle, ce n’est donc pas seulement le Projet catéchétique diocésain Kleopas qui va commencer à être mis en œuvre ; il est là, bien palpable. Il nous a touchés. Il nous a montré que l’Évangile rejoignait vraiment les aspirations des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Il nous
a montré aussi que ce souffle était le même qui traversait l’expérience de beaucoup d’églises locales aujourd’hui ; c’est pourquoi nous avons pensé qu’il fallait qu’on se laisse entraîner par lui et qu’on s’organise en conséquence.

Monseigneur, au moment où vous lancez ce projet, vous franchissez aussi un autre cap ; la soumission de votre lettre de démission au Pape. Pourquoi encore pousser vers le large à pareil moment ?

Je n’ai pas décidé du timing de la coïncidence entre la promulgation de Kleopas et le moment de soumettre ma lettre de démission. Je n’avais pas d’agenda préétabli. Quand j’ai pris conscience de la nécessité d’enclencher tout le processus de consultation et de discernement Kleopas, il s’est trouvé que j’étais à trois ans et demi de mes 75 ans. Je ne pouvais pas dire à ce moment-là : je laisse cette mission à mon successeur… Il fallait accueillir cet appel qui résonnait en même temps dans notre Église et dans l’Église universelle. Ce n’est pas seulement moi, mais aussi mes collaborateurs qui ont répondu. Au fond, j’ai confiance, une très grande confiance. Si c’est le Seigneur qui nous le demande, Il nous donnera de quoi nous mettre en route et de quoi continuer la route.

(à suivre)


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