Après les émotions qui ont fait suite à l’annonce du pape François concernant l’accession de Mgr Maurice Piat au cardinalat, l’évêque de Port-Louis revient sur cet évènement historique et parle de sa nouvelle mission. Tout en rappelant qu’il sera toujours au service du pays, il invite tout un chacun à prier pour lui.
Maintenant que les premières émotions sont tombées, comment accueillez-vous cette nomination ? D’autant plus que vous aviez soumis votre lettre de démission en tant qu’évêque, il y a quelques mois de cela…
J’étais en attente de l’annonce de mon successeur et ne voilà-t-il pas que je reçois un nouvel appel ! Comme le pape François le dit souvent lui-même, il faut se laisser conduire par le Dieu des surprises. J’accueille donc cette nomination comme un encouragement à notre Église diocésaine certes, mais aussi comme un appel à servir non plus seulement l’Église locale, mais aussi à porter le souci de l’Église universelle en tant que proche collaborateur du pape François. De plus, cette nomination rejaillit aussi sur l’ensemble de la nation mauricienne que l’Église est appelée à servir.
Vers qui se sont dirigées vos premières pensées, quand vous avez appris cette nouvelle ?
Cette nouvelle m’a pris de court et j’ai été tout de suite emporté dans un tourbillon de messages d’amis, de membres de la famille, de collaborateurs et collaboratrices. Il a fallu aussi accueillir dans l’urgence les sollicitations des nombreux médias locaux et internationaux qui se sont manifestés.
Et puis, peu à peu, je prenais conscience de la vraie signification de cette nomination pour moi-même ainsi que pour l’Église à Maurice et pour le peuple mauricien. C’est alors que je me suis rendu compte que l’appel que je reçois fait que je ne m’appartiens pas : je pouvais faire tous les plans
que je voulais pour ma retraite prochaine, mais Dieu avait d’autres plans pour moi. Ma devise, « Pousse vers le large », résonne de manière inattendue 25 ans après.
Vous avez côtoyé le Cardinal Jean Margéot. En quoi la mission du cardinal est-elle différente de celle de l’évêque ?
La première différence, c’est qu’un cardinal, jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 80 ans, est appelé à participer à l’élection d’un Pape. De plus, le Pape peut demander à un cardinal qui fait partie de ses proches collaborateurs de participer aux travaux de l’un ou l’autre des dicastères romains (un dicastère au Vatican correspond à un ministère, par exemple un sur la famille, un autre sur justice et paix, etc.). Mais le gros du travail d’un cardinal, qui est aussi évêque diocésain, reste la charge pastorale de son diocèse.
Dans votre cas en particulier, et s’il n’y a pas un nouvel évêque nommé d’ici le 19 novembre, est-ce que c’est possible que vous cumuliez les deux fonctions et responsabilités (c.-à-d., évêque et cardinal) ?
Je reste responsable du diocèse de Port-Louis jusqu’à la nomination d’un successeur par le pape François. Après la nomination du successeur, je deviens évêque émérite, ce qui veut dire que je n’ai plus la charge du diocèse ; mais lorsqu’on est ordonné évêque, c’est pour la vie. En tant que tel, je suis disponible pour certains services que mon successeur pourrait me demander, comme par exemple, présider une confirmation, animer des
retraites ou assurer certaines formations. Par ailleurs, quand on est nommé cardinal, c’est aussi pour la vie. Sauf qu’après l’âge de 80 ans, le cardinal ne participe plus à l’élection d’un Pape.
Quelle orientation pensez-vous donner à votre cardinalat ?
Je désire confier mon cardinalat au Père Laval, comme je l’avais fait au début de mon épiscopat. Et dans ce sens, en continuant comme lui à annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, je reste, comme cardinal, au service du pays.
Avez-vous un message aux catholiques, et aux Mauriciens en général ?
Je suis très touché par cette vague de messages qui me parviennent de compatriotes catholiques et d’autres religions, d’ici et d’ailleurs, m’exprimant leur joie pour cette nomination et m’assurant de leur prière et de leur soutien. Je saisis ici l’occasion pour leur dire toute ma reconnaissance. Ce soutien, cette amitié me sont précieux en ces moments où une nouvelle charge m’est confiée et où j’arrive à peine à prendre la mesure de ce qui m’arrive. Je compte beaucoup sur la prière de mes compatriotes et je peux les assurer que moi aussi je porte ce diocèse et tout le peuple mauricien dans mon cœur et qu’ils seront très présents dans ma prière le 19 novembre prochain à Rome.
MTL